samedi 14 avril 2012

Le Derby Basque, une tradition en danger

Jamais un derby basque n’aura eu cette saveur là. Ce week-end, le 101e derby opposant Bayonne et Biarritz pourrait être le dernier d’une longue série. Retour sur un mythe vieux d’une centaine d’année.

Plus qu’une guéguerre de clochers, Bayonne – Biarritz, c’est le match des frères ennemis. 4,769 km seulement séparent le club bayonnais du rival biarrot. Si pendant des décennies, un simple match de gala les opposait à chaque fin d’année, l’histoire du derby débute officiellement le 5 janvier 1908. Disputé à Aguilera pour le compte du championnat de troisième série, le premier derby officiel réuni 4000 spectateurs. Joutes en tribune mais aussi sur le terrain avec une opposition de style entre les lourds avants bayonnais et les fougueuses lignes arrières biarrotes. Sur le pré, Bayonne disposa de Biarritz (9-3), mais c’est en coulisse que commencèrent les hostilités. Après une réclamation de Biarritz, Bayonne perd le match sur tapis vert à cause de plusieurs licences apparemment pas en règle. L’Aviron pose une réclamation à son tour pour des licences biarrotes également douteuses. Quiproquo général, les deux clubs ont match perdu ! Le comité Guyenne et Gascogne finit par trancher en donnant la victoire à Biarritz. Le derby était né.

Pas un derby sans une anecdote

Depuis, chaque derby est l’occasion d’un grand match avec son lot d’anecdotes. L’un des derbys mythique reste la finale du championnat de France de 1934 qui opposait les deux clubs basques à Toulouse. Biarritz disputait alors sa première finale. Bayonne, habitué de ces matchs (vainqueur en 1913 et 1943), l’emporte finalement sur le score de 13 à 8. Selon la Gazette de l’époque, « la foule dans un même élan, gagnants et vaincus, spontanément debout, a salué la Côte Basque tant le match qu’elle venait de vivre l’avait emballée et tenue en haleine ». Un autre derby en dehors des terres basques reste mémorable. A Tarbes en mai 1992, les deux clubs s’affrontent en quarts de finale du championnat de France. C’est le dernier derby de Serge Blanco et le BO gagne d’un point (16-15). Finalement, les biarrots échoueront en finale face à Toulon (19-14). Plus tristement célèbre, le 100e derby qui a eu lieu le 29 novembre 2011 a été marqué par l’entrée sur le terrain de Lucien Harinordoquy, le père d’Imanol, venu à la rescousse du fiston en pleine distribution de gifles avec plusieurs bayonnais. Les deux clubs écoperont de 5000 € d’amende pour bagarre et Aguilera sera suspendu pendant un match. Le père Harinordoquy sera lui interdit de stade jusqu’à la fin de la saison.

« Le maintien et la suprématie du pays basque »

Le derby de ce week-end peut-être le dernier de cette longue série. A trois journées de la fin du championnat, il s’agit déjà d’un match décisif pour le maintien des Ciel et Blanc. « On n’enlèvera jamais cette notion de derby. Mais samedi après-midi, avant de penser au derby nous penserons déjà à nous maintenir » a déclaré Lionel Mazars, capitaine de l’Aviron en l’absence de Marc Baget blessé à l’épaule. Actuellement13e, juste devant le LOU, Bayonne doit impérativement gagner pour espérer se maintenir. Biarritz de son côté a pris de l’avance. S’ils gagnent ce week-end, les biarrots se mettent quasiment à l’abri de la relégation. « Un match au couteau » attend les deux équipes, « ce sera très dur dans l’engagement » a souligné Patrice Lagisquet, directeur du rugby au BO et entraîneur des trois-quarts du XV de France. Dimitri Yachvili va plus loin et parle lui « d’un enjeu fort, le maintien et la suprématie du pays basque ». Cédric Heymans jouera lui son deuxième derby basque avec Bayonne, un match toujours emprunt d’émotions pour les joueurs. « C'est fantastique dans un monde professionnel d'avoir encore des derbys à jouer. C'est le plus beau, le plus intense sans doute, le plus vieux aussi. Il faut que ça dure. Et pour que ça continue il faut que les deux clubs soient toujours en Top 14 la saison prochaine ». Un souhait que partageront près de 17 000 spectateurs samedi après-midi dans le chaudron de Jean Dauger.

Arnaud Rey

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